(FRA. Paris, Magellan. 2015) : récits

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  • 24 mai 2015
    Bernard Delhomme

    « Les pèlerins modernes ne font que reproduire, à leur manière, les désirs, les intentions et les gestes séculaires accomplis par des centaines de milliers d’autres avant eux sur les chemins de Compostelle. Cet itinéraire, tout autant physique que spirituel, permet à toutes les nationalités, toutes les envies et toutes les motivations de se côtoyer. Il est probable qu’il en fut de même dans les siècles passés. Que vont chercher les pèlerins en Galice ? Adorer des reliques ? Non, car il est clair pour tous, sinon pour la plupart, y compris au Vatican, que ce ne sont pas celles de saint Jacques. Le but du chemin, c’est le Chemin lui-même. Il est probable que cette courte phrase concentre les motivations anciennes et actuelles, à la fois des chrétiens et de ceux qui ne le sont peu ou pas, ou cherchent à le devenir. Que met-on dans ce chemin à parcourir ? La plus grande diversité en est la réponse. Pour les chrétiens, aller vers un tombeau vide n’est pas l’élément essentiel, puisqu’il s’agit de foi, laquelle ne repose pas sur l’adoration de reliques, même si cela peut être un support important. Les autres pèlerins recherchent probablement un sens vis-à-vis d’eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent. Ce peut être aussi le désir de prendre de la distance avec la vie quotidienne. Ou bien celui de se surpasser, autant physiquement que mentalement. On ne peut pas dénier à ces ossements ou souvenirs une valeur spirituelle, conforme aux besoins de chacun. Il peut y avoir encore un sens rituel, c’est-à-dire correspondant plus à une tradition qu’à une croyance dans la réalité des reliques, mais autorisant néanmoins à solliciter protection ou guérison. Durant l’époque médiévale, il est intéressant de constater la manière avec laquelle les diverses autorités religieuses et temporelles ont organisé et coordonné leurs domaines respectifs, si intimement liés. Leurs actions ont élaboré notre société et notre culture fondées sur cette identité collective profonde qu’est le christianisme. La reconquête des terres espagnoles envahies par les armées musulmanes était un objectif, le culte de saint Jacques en fut un des moyens dont les conséquences ont largement dépassé l’objectif. Le vaste brassage des pèlerins et des personnes qui vinrent s’établir dans les nouveaux peuplements créés le long de la route a participé à faire prendre conscience d’une identité européenne. L’histoire des chemins de Compostelle nous permet d’aborder ces sujets afin d’essayer de comprendre ce que représentait et représente encore cette route mythique. »

  • 8 janvier 2016
    Bernard Delhomme

    Encore une publication sur Compostelle ! Encore le carnet de souvenirs d’un marcheur ! Non, un livre différent, une explication courte et facile à lire agrémentée d’une soixantaine d’illustrations et de cartes, pas non plus l’histoire, avec rois, batailles et dates.
    C’est la description simple des étapes de la formation de ce parcours mythique. Écrit par un pèlerin ayant parcouru les différents chemins français et espagnols, ce récit permet de saisir comment la détermination des puissants sut utiliser et amplifier la conjonction d’événements. La foi des pèlerins, alliée aux roitelets chrétiens du nord de l’Espagne fortement appuyés par l’Église, a servi de ferment pour la lente et efficace Reconquista. Il s’agissait de repousser hors de la péninsule ibérique l’envahisseur musulman, le brillant émirat des Omeyyades de Cordoue, foyer d’une grande culture du VIIIe au Xe siècle.
    Le contexte de l’époque et la légende de saint Jacques, largement explicités, ouvrent à la compréhension de l’histoire millénaire de ces itinéraires qui connurent âge d’or et déclin, puis le renouveau actuel. La fréquentation de ces routes dépassa l’objectif initial. Elle devint au cours des siècles l’expression européenne, aussi bien de la recherche du sens de la vie que celle d’une foi vive. Agrémenté d’histoires et de commentaires, cet ouvrage se termine par la description des différents itinéraires, à la fois médiévaux et très actuels


    Christian Sambin, marcheur et voyageur, a parcouru plusieurs fois les itinéraires de Compostelle. Loin des témoignages à la mode, son texte présente les faits, l’histoire et la légende de cette route mythique qui séduit toutes les générations. Il a par ailleurs publié avec Didier Destremau Le Roman de la Syrie aux éditions du Rocher (2012).