Sur la « VOIE D’ARLES »d’OLORON SAINTE MARIE à PUENTE la REINA ....Sur le « CAMINO FRANCES »de PUENTE la REINA à SAINT JEAN PIED de PORT

Vendredi 16 AVRIL 2004 (Saint Benoît.)
Acheminement SNCF BAYONNE - PAU - OLORON-SAINTE-MARIE.
(OLORON SAINTE MARIE : Assemblée Générale des Amis du Chemin de Saint-Jacques des Pyrénées Atlantiques en 2001.)
Accueil Office de Tourisme Oloron Sainte Marie : Contact Pèlerin Martine Mirande (« Sello »). Entretien très cordial et mise à disposition de documents concrets et pratiques sur le « chemin. »
Achat du « Miam Miam Dodo en el Camino Aragones »
Visite de la Cathédrale Sainte Marie : « Sello. »
Hébergement « Maison Guerra Larocque » : Hôtel « particulier », ameublement « rétro, » décoration hétéroclite style joyeux fouillis et bric à bric insolite, mais ambiance très chaleureuse. Le maître de maison à lui seul est déjà un personnage qui vaut le détour pour ses récits de Canadien ayant déjà pas mal roulé sa bosse en Europe ... avant de cuire « les meilleures pizzas du monde, » à partir de suggestions originales de mélanges exotiques d’ingrédients, de délicieuses recettes glanées « all over the world » qui viennent régaler les papilles des audacieux qui trouvent le courage de tenter l’expérience.
Rencontre avec un pèlerin bien fatigué recueilli à l’Office de Tourisme qui fait part de son intention de « faire un signalement » de ce personnage et de cet « établissement. »

Samedi 17 AVRIL 2004
Délicieux petit déjeuner auquel le propriétaire convie les « pensionnaires » dans son appartement avant de conseiller de faire les courses immédiatement sur place.
ETAPE : OLORON SAINTE MARIE - Chemin des Crêtes (Forêt du Bager) - EYSUS - LURBE-SAINT CHRISTAU - ESCOT - SARRANCE - BEDOUS.
EYSUS : Chocolat chaud au BISTROQUET pour oublier le froid et l’humidité de l’air.
LURBE-SAINT CHRISTAU : Le chemin contourne le Parc des Thermes (Propriété privée ; Défense d’Entrer ! et Chapelle fermée) ; Pique-Nique sous l’Abri-bus à quelques mètres de l’Auberge « AU BON COIN. »
Carrière d’ASASP : Un « papy » tout sourire fait faire à sa petite fille aussi sérieuse qu’appliquée ses premiers tours de roue à bicyclette sur la route en « conduite accompagnée. »
ESCOT : Les silhouettes de personnages illustrant les Fables de Jean de la Fontaine bordent la route de l’entrée à la sortie du village.
SARRANCE : Après la passerelle sur l’arrec d’Isson, une brève halte à la Chapelle d’Uzein à l’orée de la forêt et Visite de l’Eglise de SARRANCE (panneaux sculptés relatant la légende de la statue de la Vierge découverte grâce à un bœuf par un berger et un pêcheur de truites). Visite du Cloître et rencontre avec un groupe de jeunes filles « en retraite » ; le refuge est fermé à cette époque de l’année mais le prêtre se déclare tout disposé à « porter » le pèlerin jusqu’à BEDOUS où il doit se rendre pour dire sa messe.
Par fidélité à l’esprit du pèlerinage, poursuite du chemin à pied mais prudemment par la route nationale vu l’heure tardive : le soir tombe et le chemin à flanc de montagne au-dessus du gave est étroit, sinueux, boueux et glissant. De plus, la pluie menace !
Arrivée à BEDOUS et hébergement au Gîte Le MANDRAGOT (marteau en forme de coquille). Bonne fortune, l’hospitalero met obligeamment son sèche-linge à la disposition des pèlerins, le repas CHEZ MICHEL est succulent et la patronne qui ouvrira tôt le lendemain matin Dimanche exceptionnellement pour servir le café aux pèlerins conseille de passer auparavant chez la boulangère pour acheter les croissants.
Le « fâcheux, celui qu’on attendait plus » : un petit pèlerin barbichu qui après avoir réveillé ses voisins de chambrée dès potron-minet par une activité fébrile pour faire minutieusement son sac en n’oubliant pas d’envelopper bruyamment chaque article dans une « poche » en plastique, revient une dernière fois vérifier s’il n’a rien laissé derrière lui ... au moment où les braves gens se croyaient enfin autorisés à pouvoir s’abandonner dans les bras de Morphée (Dieu grec des songes.)

Dimanche 18 AVRIL 2004
BEDOUS - Moulin d’ORCUN - ACCOUS - CETTE-EYGUN - BORCE
ACCOUS : Bénédiction dès l’arrivée dans l’Eglise au moment même où le curé descendait la nef en bénissant les paroissiens. Les conditions météorologiques étant particulièrement instables, impossibilité de s’attarder pour assister au service malgré l’accueil plein de sollicitude accordé au pèlerin de passage. Un petit mot envoyé ultérieurement à ce curé sollicitera son indulgence et sa bienveillante compréhension pour ce départ précipité.
Cheminement au bord d’une rivière et passage à gué d’un petit torrent tumultueux : « coin de verdure idyllique pour la collation de 11 heures ; brève halte pour rêver devant les menus de l’Auberge Cavalière de l’ESTANGUET et passage devant la gare de CETTE (campement de l’Indien), pique-nique à l’entrée du village au bord du gave, traversée du pont pour suivre en compagnie d’un chien de chasse fidèle malgré les barrières un sentier étroit qui serpente au milieu des arbres à une hauteur vertigineuse au-dessus du lit du Gave d’Aspe. Une large passerelle que le chien refusera de franchir conduit à la route qui mène bientôt à BORCE où Gracieuse Begü (82 ans) embusquée derrière ses rideaux attend fiévreusement le pèlerin pour le réconforter avec le café toujours prêt à être servi accompagné de petits gâteaux secs. Le pèlerin (douillettement) hébergé à l’Hospitalet de Saint Jacques juste en face devra s’engager à ne pas quitter le village le lendemain matin sans revenir prendre le petit déjeuner. On ne peut qu’être attendri par une telle générosité de la part d’une personne « placée » loin des siens dès l’âge de 14 ans dans la famille d’un médecin qu’elle servira fidèlement.
Visite du petit Musée contigu au refuge, déambulation dans le village avec sa Mairie installée dans l’ancienne maison forte, stations devant les façades des anciennes demeures, visite de l‘église (sans découvrir les têtes d’animaux sculptées au-dessus de la porte de communication entre l’église et le cimetière, dévoilera Madame le Maire.) Le lavoir communal avait dû être modifié pour empêcher les hommes de venir contempler les oscillations rythmées des croupes des blanchisseuses !
Repas à ETSAUT (Hôtel des Pyrénées) et retour dans l’obscurité à Borce en franchissant la passerelle sur le Gave.

Lundi 19 AVRIL 2004
BORCE - URDOS - COL du SOMPORT
Après avoir pris congé de Gracieuse Begü, cheminement sur la N 134 dominée par le Fort du Portalet (passage d’un autocar de retraités des Landes) et ravitaillement à la minuscule épicerie d’URDOS. Franchissement du Poste de Douanes et lente progression par la route vers l’Auberge du Peilhou dont l’enseigne se laisse déchiffrer avec difficulté. Après une brève halte, reprise de l’ascension toujours par la route (le chemin est recouvert de neige, où se distinguent cependant de profondes traces de pas), qui domine les Forges d’Abel et l’entrée du Tunnel routier du Somport jusqu’à Peyrenère. Des isards au pied léger contemplent de haut d’un œil compatissant la lente et difficile montée des bipèdes. Au col du Somport, au-dessus du complexe de la station de ski (fermée), franchissent du Poste-frontière et installation au Refugio Hosteleria AYSA de « Summus Portus » (Auberge, Alimentation, Cafeteria). Une étape bien méritée !
Promenade apéritive avec un couple de Lorrains déjà aperçus à Bedous. Photo avec le pèlerin de fer en contrebas de l’oratoire. Repas partagé avec Simone, 68 ans, de Marseille ; Rencontre de Michel, boulanger Catalan de Barcelone à la retraite et apprentissage de quelques rudes expressions bien imagées de la vie courante. Michel par ailleurs a un bon coup de crayon et exécute des croquis pris sur le vif sur son carnet de voyage.
(La marche de Juin 2001 avec l’Association des Amis du Chemin de Saint Jacques des Pyrénées Atlantiques avait « inauguré » ce tronçon du Chemin d’Arles de Sarrance à Accous avec visite de Borce et celle de Septembre 2001 avait permis de découvrir les ruines du Monastère de Santa Christina et au Col du Somport la chapelle de la Virgen del Pilar.)


Mardi 20 AVRIL 2004

COL du SOMPORT - SANTA CHRISTINA - CANFRAN ESTACION - CANFRAN - VILLANUA
Début de la descente depuis le Col du Somport par le sentier enneigé en compagnie d’Ullrich (Allemand, 67 ans) jusqu’à Santa Christina ; suite de la descente au milieu des buis accrochés aux rochers et sentier bordé de pins à crochets puis de pins sylvestres. Promenade bucolique au milieu des pâturages (toue de berger délabrée) puis sur les bords du Rio Aragon et, au-delà des baignoires naturelles « barranco de Izas, » chemin légèrement vallonné surplombé par une forteresse accessible par un tunnel creusé dans la montagne, la Fuerte de Coll de Ladrones. Pique-nique à l’abri du vent. Visite de la gare monumentale de Canfran Estacion (1928) malheureusement totalement laissée à l’abandon et détour par l’Office de Tourisme qui vend une carte postale philatélique éditée à l’occasion de l’ouverture du « Tunel de Somport por carretera. » Le chemin longe ensuite les berges ensoleillées du Rio Aragon défendu par la Torre de Fusilleros et franchi sur le « Puente romanico de los Peregrinos, » une seule arche d’une grande pureté. Arrivée et hébergement à l’Albergue TRITON située près de l’église au centre historique de la bourgade en pleine urbanisation de VILLANUA. Difficile échange malgré l’assistance d’Ullrich avec un danseur Autrichien végétarien, dont le mysticisme cherche à réduire à une seule entité, la danse, la musique et la religion. L’autre grande table est occupée par de robustes montagnards, peu sensibles à cette argumentation aussi véhémente qu’enthousiaste.

Mercredi 21 AVRIL 2004
VILLANUA - CASTELLIO de JACA - JACA
Petit déjeuner devant les distributeurs automatiques à la Station-Service sur la N 330 avant d’apercevoir de l’autre côté de la route l’Eglise d’Arrues signalée par un panneau rouillé et d’atteindre par un sentier escarpé, la « cabanera, » version Aragonaise de la draille, Castellio de Jaca : Pique-nique ensoleillé sur un banc sur les rives du Rio Aragon où Ullrich vient également s’échouer ; photographie sur l’imposant siège métallique dont les bras m’accueillent à l’entrée du pont. Café en compagnie d’un groupe d’Allemands accompagné d’une bien gracieuse Grätchen vive et enjouée !
Passage à gué du Rio Ijuez grâce à une enfilade de grosses pierres qui forment comme une barrière crénelée d’une rive à l’autre. L’écume du torrrent tumultueux scintille sous le soleil pendant qu’à grands pas les « Chevaliers du Gué » enjambent les blocs de pierre. Brève halte devant la façade de la Casa Valentin surmontée d’un clocheton. Rencontre d’un couple âgé d’Américains très aimables et très souriants du Nouveau Mexique qui rejoignent l’Albergue de Granon où ils seront hospitaleros.
JACA : Apparition d’Ursula et dégustation d’un rafraîchissement reconstituant sous les arcades au pied de la cathédrale Saint Pierre de Jaca où Saint Jacques accueille les pèlerins sous le porche. Hébergement à l’Albergue municipale c/ Conde Aznar (très fonctionnelle) près des Toulousains Lionel et Marie-Louise ; bénédiction à l’Eglise Santiago par un prêtre athlétique, charismatique et sympathique qui appose sur le Credencial le « sello » de sa paroisse. Repas pèlerin dans la spacieuse salle d’une auberge de la ville et « échange » avec le représentant de la Lyonnaise des Eaux !

Jeudi 22 AVRIL 2004
JACA - SANTA CILIA de JACA
Au petit matin, Eduardo Fernandez entrouvre avant l’heure sa Panaderia pour permettre au pèlerin d’acheter ses viennoiseries qui accompagneront le « cafe-doble » au snack Astun avant un charmant détour (inutile) vers la Ciudadela où les biches paissent dans les douves paisiblement. Dès la sortie de la ville, sentier empierré qui malheureusement cède bientôt la place à un chemin en pente, glissant, boueux, glaiseux, où l’herbe des bas-côtés ne suffit pas à débarrasser les chaussures des épaisses et pesantes couches de boue collées sous les semelles. Impossibilité de traverser à gué en raison de la violence du torrent gonflé par la fonte des neiges le Rio Atares où une jeune biologiste espagnole en cuissardes opère des prélèvements pour un Centre de Recherches pour la Défense de l’Environnement tout proche. Pique-nique dans un pré battu par le vent à proximité de l’Hôtel Aragon et poursuite du cheminement jusqu’à Santa Cilia de Jaca pour un succulent chocolat bien chaud à la Tienda-bar où les trognes des habitués pourraient servir d’enseigne à l’établissement, avant d’accepter l’invitation de l’hospitalera de faire halte à l’Albergue de ce village « tellement plus digne d’intérêt que ceux qui suivent » avec sa digue des moines, la vieille boulangerie artisanale, l’Eglise avec sa crucifixion de Saint André, la sainte patronne des dentistes les tenailles à la main, et un élément de fresque représentant une martyre dont on s’apprête à arracher les seins à l’aide d’énormes tenailles de forgerons ...
Hébergement douillet, murs décorés de fresques naïves, et Repas improvisé (nouilles, œufs, fougasse) et partagé avec Solange et Lucien de Nice déjà aperçus à Jaca et qui testent un « Carix, » attelage pour transporter les sacs, qu’ils abandonneront bientôt ... Drame de conscience d’Ursula et de son voleur de coquille ...

Vendredi 23 AVRIL 2004 : SAINT-GEORGES, jour férié dédié à la Fêtedu Saint Patron de l’Aragon
SANTA CILIA de JACA - PUENTE la REINA de JACA - ARTIEDA
Café dans la grande salle de restaurant au Camping Pireneos (feu de bois et adieux d’Ursula et son mari), découverte d’une « forêt de cairns nains » (traces d’une autre civilisation ? photo ! scoop !), vue panoramique sur Puente la Reina de Jaca, les calottes enneigées des sommets Pyrénéens au Nord continuent à scintiller au soleil, le minuscule village d’Arres se dresse fièrement sur sa colline, le clocher de Martes hors chemin domine la plaine, Mianos-sur-ciel haut perché sur son piton invite à le visiter, mais il faut résister à la tentation et garder des forces pour atteindre Artieda niché sur une butte tout au sommet du raidillon que l’assaillant découvre après le dernier lacet de la route. Vue imprenable en cette fin de soirée bien ensoleillée, façades à balcon qui bordent les allées pavées, visite de l’Eglise Saint Martin et cérémonie de l’apposition des « sellos » par le sacristain et Madame le Maire ; et partout des banderoles suspendues aux balcons de fer forgé pour mobiliser les populations pour la préservation des sites et des villages menacés d’inondation par l’extension du lac de retenue du barrage.
Repas à l’Albergue avec Lionel et Marie Louise, Thérèse la Canadienne et son mari en route depuis Arles, Lucien et Solange + l’Espagnol (de Barcelone randonneur-turbo)

Samedi 24 AVRIL 2004
ARTIEDA - Ermitage de SAN JUAN BATISTA - RUESTA - UNDUES de LERDA
Pérégrination avec Lionel et Marie-Louise sous un tunnel de buis en plein cœur de la « despoblacion » au long d’agréables sentiers d’où l’on peut apercevoir l’Embalse de Yesa et le village d’Esco, mais non le Monasterio de Leyre. Halte bucolique à l’ermitage de San Juan Batista et arrivée à RUESTA, village abandonné livré à la CGT et dont le cœur continue à battre au rythme des percussions africaines des Rastas qui semblent avoir investi les murailles de briques rouges désertées de cette enceinte fortifiée. « L’épicière ne donne pas ses coquilles, » d’après les préposées aux provisions de bouche, mais le « sello » reste évocateur de la puissance évanouie du lieu. Après l’ermitage de Santiago Apostol niché en surplomb du village, la piste serpente entre les pins et les chênes verts (pique-nique et sieste tambien) et aboutit à un vestige de Calzada Romana qui amorce le raidillon qui mène à la Tour Fortifiée qui abrite l’Albergue (Tercera Planta !) et à l’Eglise romane de Undues de Lerda. « Tendedores » improvisés sur la terrasse, bain de soleil et énigme toujours non résolue à ce jour de la « braga blanca » non réclamée. Convivial souper au Café communal et par précaution vu l’exode rural, achat de provisions.
En Juin 2001, grâce à l’Association des Amis du Chemin de Saint Jacques des Pyrénées Atlantiques, marche dans la Vallée de Roncal et la Vallée de Salazar et visite du Monastère de Leyre.

Dimanche 25 AVRIL 2004
UNDUES de LERDA - IZCO
Départ le ventre creux, franchissement de la « frontière » entre l’Aragon et la Navarre matérialisée par l’érection d’une stèle sculptée et arrivée à Sangüesa par la Calle Estudios (après quelques détours) devant la statue de Saint-Jacques qui orne le tympan de l’Eglise Santiago ; après une halte chez le boulanger et au café, et une visite à l’Office de Tourisme (« sello » et documentation jacquaire), station devant le porche richement ouvragé de Santa Maria la Real, malheureusement fermée jusqu’à l’heure de la messe dominicale.
Franchissement du pont sur le Rio Aragon, Monastère Sancti Spiritus sur la gauche, Papeterie, et ascension jusqu’au village de Rocaforte où la Panaderia fait sa tournée en fourgonnette malgré l’étroitesse des rues. A la sortie de ce village escarpé, Fuente San Francisco, oasis de paix et de verdure bercé par le bruissement du torrent ; dominés par les rangées d’Eoliennes qui de leurs grands bras leur font signe d’avancer, les pèlerins grimpent jusqu’à la crête dénudée avant de déboucher dans une succession de prairies verdoyantes au cœur d’un vallon paisible (où il ne reste aucun vestige du village d’Olatz abandonné depuis la Peste du XV° siècle) ; cette longue pérégrination solitaire (courage !) les conduira finalement au pied du raidillon qui mène jusqu’à la place de l’Eglise d’Izco. Hébergement et repas improvisé partagé avec Lucien et Solange. Miracle ! Le vin d’Irache fait oublier la fatigue de la journée.

Lundi 26 AVRIL 2004
IZCO - MONREAL - TIEBAS.
Départ d’Izco et dès la sortie du village rencontre de l’hospitalera de l’Albergue de ce village, athlétique et souriante, qui regaggne le village d’un pas alerte ; le pèlerin chemine aujourd’hui « à pied sec » sur une belle allée empierrée bien draînée qui suit les ondulations du relief et conduit jusqu’à la fontaine de la place du village d’Abinzano, puis, via Salinas de Ibargoiti, au magnifique Puente medieval de Monreal sur le Rio Elorz ; pause avec Lucien et Solange sur ce magnifique ouvrage d’art et achat de provisions dans le village avant de rencontrer le sacristain, sa bouteille de « vino tinto » à la main, puis le curé qui appose le « sello » sur le « credencial. »
Pique-nique champêtre au bord du rio, déception de ne pouvoir repérer la Croix de San Blas, et départ à flanc de coteau vers Tiebas par un chemin sinueux et escarpé mais encensé par les fleurs jaune d’or des arbustes qui parsèment cette garrigue (genêts ?) et font oublier les cicatrices laissées par les carrières et la gigantesque balafre de l’autoroute en construction ! Les églises fortifiées et les tours carrées témoignent de la puissance et de la richesse évanouies des villages qui bordent le chemin.
Tiebas est en pleine effervescence économique avec ses chantiers gigantesques : programme d’édification de logements, carrière à ciel ouvert béante dans la falaise et titanesque construction d’une d’autoroute. Pourtant, les rues sont désertes, les commerces fermés, l’Albergue sans hospitalero et l’Eglise cadenassée en l’absence du prêtre. Providentiellement, la boulangère établie dans une maison sans enseigne accepte d’ouvrir la porte de sa boutique et de vendre et du pain et des galettes ! Foin des vaches maigres ! Les pèlerins dînent à la fortune du pot ... mais sans « cerveza » ni « vino tinto » ! « Lo siento ! » « Oublier Tiebas, bourgade sans âme, sans vie, sans chaleur humaine (à l’exception de la boulangère au grand cœur, passionnée de puzzles géants ! »

Mardi 27 AVRIL 2004
TIEBAS - ENERIZ - EUNATE - OBANOS - PUENTE LA REINA
Le pèlerin à jeun laisse sans regret Tiebas derrière lui et rêve en traversant les petits villages (Muruarte de Reta, Olcoz) d’un petit café ouvert à cette heure matinale où le soleil ne peut faire oublier ni la fraîcheur de la nuit, ni les morsures du vent : La Meson del Camino sur la place et près de l’église d’Eneriz viendra combler ses vœux ; bientôt au-delà des champs apparaîtra Santa Maria d’Eunate et son curieux cloître octogonal ouvert sur l’extérieur que parcourent recueillis, concentrés, d’un pas lent et mesuré, quelques pèlerins nu-pieds en recherche d’une expérience ésotérique toute empreinte de spiritualité et de mysticisme. Entretien avec une sœur bourguignonne et un couple d’hospitaleros anglophones en route pour leur Albergue ; « sello » en libre-service et départ sur les chemins déjà familiers du « Camino francés » dans lequel se fondent près d’Obanos le Camino aragonais et le Camino navarrais.
Après avoir traversé la nationale et dépassé le cimetière dans la montée, arrivée au refuge d’Obanos (« sello ») sur la place de l’église (Pique-nique et rencontre sous la porte gothique d’un couple de pèlerins venus à pied depuis la Belgique) ; descente vers Puente la Reina. (Statue du Pèlerin au rond-point et rencontre du groupe « Pèlerins un jour - Amis toujours). Visite de l’église du Crucificio et hébergement à l’hostal Rural BIDEAN.

Mercredi 28 AVRIL 2004
PUENTE LA REINA - SIERRA DEL PERDON - CIZUR MENOR - PAMPLONA
Le défi consiste maintenant à remonter le Chemin Navarrais vers le Nord à contre-courant des nombreux pèlerins qui progressent en suivant le balisage régulier des flèches jaunes. Remontée sur Obanos et après un détour inutile et laborieux dans les vignes de Legarda, (errance ou itinérance), retour sur le « camino » à Uterga et ascension de la Sierra del Perdon, vent debout dans la boue et sous la pluie ; à force de persévérance, de détermination, de patience, la crête se distingue bientôt avec ses sculptures de pèlerins sous forme de silhouettes en fer saluées par les bras des éoliennes qui se détachent sur un ciel bas et lourd. La descente vers Cizur Menor est émaillée de quelques rencontres avec des pèlerins (une jeune espagnole francophone, des néo-zélandais, des brésiliens, un japonais, un prêtre canadien, etc...), tous bien encapuchonnés sous leurs ponchos, les uns résignés, les autres sereins, et une brave Martiniquaise tout sourire sous l’averse qui lui cingle le visage. Accueil et « sello » à Cizur Menor chez Maria Isabel Roncal avant de gagner Pampelune où surgit soudain un Patagon à barbiche de mousquetaire qui arbore un superbe couvre-chef et se déplace nu-pieds sur les trottoirs de la gare des cars. Une journée aussi pénible est vite oubliée par le pèlerin fasciné par les lumières de la ville : confort douillet de l’Hôtel de Leyre et après déambulation dans le quartier historique de la ville (« sello » à l’Albergue), succulent repas au restaurant El Trujal.
Les deux étapes précédentes avaient été « préparées » avec l’Association du Chemin de Saint Jacques des Pyrénées Atlantiques lors des sorties de Mars 2002 où grâce au ciel le temps avait bien voulu faire preuve de plus de clémence à l’égard des marcheurs.

Jeudi 29 AVRIL 2004
PAMPLONA - BURLADA - VILLAVA - LARRASOANA - ZUBIRI
Sortie matinale par le Portal de Francia, le pont et le jardin public de la Magdalena ; traversée de l’immensité du parc pour emprunter un agréable chemin paysagé qui mène jusqu’à Burlada (desayuno sous le regard protecteur et certainement empreint d’envie de la pèlerine que des raisons incontournables obligent à rentrer en autobus), Villava et la basilique de la Trinidad de Arre (sello). Une étourderie me fait découvrir Arre (mais le typographe en plein labeur dans son imprimerie insiste pour m’offrir gracieusement une carte au 1/25 000° de la Comunidad Foral de Navara qui me permet de retrouver bientôt le chemin d’Iroz et de longer le Rio Arga jusqu’à Larrasoana (« sello » au refuge cérémonieusement apposé par Santiago Zubiri qui m’offre le ruban « amarillo » du « camino » pour signaler ma qualité de pèlerin. Pique-nique sur le pont qui enjambe l’Arga et poursuite de l’itinéraire accidenté vers Zubiri et le Puente de la Rabia de Zubiri. « Sello » à l’église (apposé après sa leçon de catéchisme aux enfants par le curé, posément, avec beaucoup de soin, mais tête en bas, le brave homme est certainement intimidé par mon allure après cette longue étape, aurais-je donc moi aussi la tête à l’envers ?) ; le refuge étant déjà complet, hébergement à l’Hosteria de Zubiri avec un groupe de pèlerins bretons. Repas convivial très sympathique avec ces pèlerins.

Vendredi 30 AVRIL 2004 : ZUBIRI - VISCARRET - ESPINAL - BURGUETE - RONCESVALLES

Samedi 1er MAI 2004 : RONCESVALLES - SAINT JEAN PIED DE PORT
En dépit de conditions climatiques toujours ingrates, (qu’on pourrait définir comme « temps instable, violentes chutes de pluies entrecoupées de quelques belles éclaircies, » ou réciproquement selon l’humeur du moment), en dépit aussi de la longueur des journées et du dénivelé à assumer, deux étapes agréables : l’entraînement aide à dominer la fatigue physique, et l’enthousiasme des pèlerins rencontrés qui viennent de se lancer dans l’aventure est communicative. Les souvenirs de l’an dernier revivent au fur et à mesure que des paysages déjà connus se déroulent devant mes yeux ... d’autres échappent de justesse à l’oubli qui les menaçait quand un détail entrevu du coin de l’œil incite à faire le point pour que le flou laisse la place à une évocation plus précise.
Et quelle étrange sensation à la veille de franchir à nouveau les Pyrénées, mais par le Col de Roncevaux cette fois, que de conclure son périple espagnol en assistant à la collégiale de Roncevaux à la bénédiction des pèlerins à l’aube de leur pérégrination ...
Cette bénédiction se révèlera bien loin d’avoir été inutile puisque l’ascension matinale jusqu’au Col de Lepoeder se fera dans des conditions véritablement propres à vous couper le souffle : un froid glacial (les flaques d’eau sont gelées, des rafales qui soufflent avec une violence telle qu’en raison de la prise au vent du poncho et du sac il faut s’arc-bouter sur son bâton pour progresser péniblement centimètre par centimètre) ... Passer sur l’autre versant abrité, c’est déjà avoir gagné (et certainement bien mérité !) des conditions plus hospitalières qui permettent de cheminer maintenant tout guilleret vers Saint-Jean Pied de Port et un accueil chaleureux au 39 rue de la Citadelle bruissant de l’effervescence sympathique des grappes de pèlerins prêts au départ au printemps de cette nouvelle Année Jacquaire.

Pierre Roussel