La Compostela, quel sens désormais ?

Gilles

On constate que la majorité des pèlerins qui se présentent au bureau de Santiago n’ont fait que la dernière partie du chemin. Bon nombre d’entre eux juste ce qu’il faut pour obtenir la Compostela. Parfois dans des conditions qui s’éloignent de la démarche du Pèlerinage.
Quelle serait la conséquence de la suppression pure et simple de la pratique de la Compostela ? Est-ce que ce serait une partie de la solution pour calmer l’engorgement croissant année après année du Francès ?
Bien sûr ce serait dommage mais il faut faire quelque chose pour sauver ce camiño s’il est encore temps.
Je précise que c’est une idée qui en vaut bien une autre et remercie d’avance les habituels agresseurs d’idées dérangeantes de tenter pour une fois au moins de répondre à la question plutôt que de critiquer le questionneur, ou de faire silence.
Gilles

14 réponses disponibles

  • 11 août 2017
    Gilles

    On constate que la majorité des pèlerins qui se présentent au bureau de Santiago n’ont fait que la dernière partie du chemin. Bon nombre d’entre eux juste ce qu’il faut pour obtenir la Compostela. Parfois dans des conditions qui s’éloignent de la démarche du Pèlerinage.
    Quelle serait la conséquence de la suppression pure et simple de la pratique de la Compostela ? Est-ce que ce serait une partie de la solution pour calmer l’engorgement croissant année après année du Francès ?
    Bien sûr ce serait dommage mais il faut faire quelque chose pour sauver ce camiño s’il est encore temps.
    Je précise que c’est une idée qui en vaut bien une autre et remercie d’avance les habituels agresseurs d’idées dérangeantes de tenter pour une fois au moins de répondre à la question plutôt que de critiquer le questionneur, ou de faire silence.
    Gilles

  • 11 août 2017
    josephp

    Sur le principe que tu mets en avant , cher Gilles , je suis d’accord pour penser aussi que le Camino Francès tel qu’il a évolué , n’a plus grand chose à voir avec l’idée que nous nous faisons de ce Chemin .

    Mais en nous auto-questionnement , nous les "anciens " , ne faisons nous pas preuve d’un certain sectarisme , en n’admettant pas ou difficilement , que les groupes en tous genres se sont emparés de la route , de l’esprit , à leur façon ?

    Que les personnes qui le fréquentent désormais n’ont plus rien de commun avec ce que nous avons connu , avec ce que nous avons vécu ?

    Que les comportements, loin d’être excusables , sont ce qu’ils sont aujourd’hui parce qu’en partie les structures n’ont pas suivi .
    Du fait que le nombre a considérablement augmenté ,le Camino Francès est ce qu’il est aujourd’hui , et qu’il est simplement différent .

    De quel droit émettons nous un jugement ?

    Au fil des années , les " marginaux " des premiers pèlerinages sont revenus et ont parlé .Les curieux en tous genres ont constitué les vagues successives .L’effet de bouche à oreille auquel se sont ajoutés des témoignages de notoriétés , plus ou moins opportuns , ont contribué à inciter chaque année un plus grand nombre à prendre la " route de Compostelle "..

    Et ce phénomène intime et réservé s’est petit à petit transformé en phénomène de masses à résonance planétaire ..
    Comme tout phénomène de mode , je pense qu’il a atteint son apogée , ou en passe de et qu’inévitablement , la désaffection progressive va s’amorcer .
    ça se mesurera probablement à l’échelle de plusieurs décennies , mais ça va se produire ..

    Alors ne laissons pas ce goût amer persister dans nos souvenirs , et admettons que nous avons été bien heureux de nous y trouver quand le temps était aux échanges , aux dialogues , aux rencontres rares et riches .

    Dix ans après , je continue d’échanger avec les amis du petit groupe que nous formions , et je trouve ça formidable .
    La place est aujourd’hui occupée par des gens différents , et c’est tant mieux ..
    Je ne leur souhaite que du bonheur , et tout plein de rencontres aussi riches que durables ...

    Nous , il nous reste assez de Caminos en Espagne ou ailleurs pour continuer de cheminer à " l’ancienne " .en toute sérénité ..

    Tu vois , je n’ai pas suivi tes recommandations quelque peu directives et intentionnellement formulées pour les empêcheurs de débattre en paix ..

    Merci pour cette occasion que tu nous offres de parler ensemble ...
    Joseph

  • 11 août 2017
    gilbert

    Bonjour à tous voilà une bonne idée de discussion comme le dit son initiateur j’espère que chacun apportera sa pierre à l’édifice
    Il faudrait que sur la Compostela il y ait la ville de départ la ville d’arriver et le kilométrage effectué je pense que par cette solution il y a moyen de réfréner l’orgueilleux de chacun à avoir Sa Compostela amitiés à tous bon Camino
    gilbert

  • 11 août 2017
    Gilles

    Josephp, le camiño Francès est la proie collatérale d’un phénomène de société très récent et planétaire : le tourisme de masse, dans lequel il est en train de se dissoudre.
    Effectivement on peut être fataliste, se féliciter du plaisir éprouvé par les nouveaux pèlerins. Mais ce phénomène est identique à ce qui se produit dans bien d’autres lieux fameux sur la planète. C’est à dire qu’il a pour effet de détruire à petit feu.
    Bien des sites de par le monde ne savent plus comment faire pour préserver leur splendeur et faire résister leur identité face à une fréquentation qu’ils ne savent pas maîtriser.
    La question n’est donc pas "le bon vieux temps", mais la préservation d’un patrimoine. N’oublions pas que le camiño Francès est reconnu patrimoine mondial de l’humanité en sa qualité essentielle : un chemin de pèlerinage millénaire. Qui pourrait occulter son exploitation d’ordre touristique, revendiquée par les plus hautes autorités des régions qu’il traverse ?
    Cette dérive se constate sur les autres chemins, où l’argument premier pour financer la construction d’une alberge c’est que le passage et l’arrêt des pèlerins ça va faire marcher le commerce local. Est-ce pour un chemin de pèlerinage le bon raisonnement ?
    Pour un GR, oui !
    Gilles

  • 11 août 2017
    Jean-Pierre (Chemin Faisant)

    Salut Gilles !
    Ta proposition me surprend. Par une certaine naïveté ...
    A moins que ce ne soit de la provoc ...
    Penses-tu vraiment que les autorités idoines soient dérangées par ce que tu appelles l’engorgement du Camino Francés ? Crois-tu que beaucoup de gens en Espagne estiment que dans sa forme actuelle, il est en danger et qu’il doit être sauvé ?
    Au contraire, plus il sera fréquenté et plus la plupart seront satisfaits ! Plus de compostelas seront délivrées, plus il sera aisé de les obtenir, et plus la notoriété du chemin sera renforcée !
    Pour des tas de raisons, économiques en particulier, tout cela ravit les Espagnols ...

  • 11 août 2017
    Muverans

    Bonjour Gilles,

    La Compostela est attribuée par une instance de l’Église catholique, c’est-à-dire des personnes plus qualifiées que vous pour décider de qui est pèlerin sur un chemin d’inspiration catholique, que chacun est libre de parcourir quelle que soit sa croyance.

    Par ailleurs, la massification que vous déplorez affecte principalement l’ultime tronçon du Camino francés, celui où débouche tous les autres chemins. En multipliant les cheminements vous contribuez à l’engorgement x fois plus que la plupart des pèlerins que vous dénoncez, qui ne le parcourent qu’une seule fois.

    Le Camino francés permet à de nombreuses personnes, sans expérience de randonnée, sans qualité physique exceptionnelle, avec des moyens financiers limités, parfois malades ou très âgées de se jeter en chemin. Elles ne le parcourront qu’une fois, ce sera peut-être l’expérience de leur vie, et ne passeront pas leur temps à geindre ensuite : elles s’y seront épanouies.

    Muverans.

  • 12 août 2017
    gabrielle

    comme le dit Muverans d’une autre façon "qu’est ce que vous faites si souvent sur le chemin sinon vous même l’engorger par vos voyages si fréquents ? et ensuite toujours critiquer le comportement des autres ?"
    je viens de recevoir chez moi une pèlerine handicapée qui revient de Santiago, partie depuis plus d’un an, toute seule et qui rentre chez elle doucement encore éblouie de son voyage( et peut être de sa performance ?) elle n’a sans doute pas rencontré beaucoup de gens comme vous et moi je n’ai pas eu le courage de lui dire que le ravissement du premier voyage ne dure pas si on y retourne plusieurs fois... malgré tout je ne "râle" pas comme vous bien que j’y sois arrivée 5 fois par des chemins différents !
    alors ne gâchez pas le plaisir des autres par vos avis souvent acerbes !! malgré tout si le chemin est très encombré (par vous et d’autres ?) on constate cette année une baisse de 6% par rapport à l’an passé ?

  • 12 août 2017
    Gilles

    Je ne vous répondrai pas, Gabrielle, votre intervention est de celles que je priais d’éviter.
    Gilles

  • 14 août 2017
    moneypenny

    bonjour à tous,
    La proposition mise au débat par Gilles ne me parait pas la solution pour tarir l’engorgement sur le Francès, sans compter qu’une décision pareille est du ressort des autorités catholiques espagnoles. Encore faudrait-il que l’Espagne fasse le même diagnostic et je suis d’accord avec Jean-Pierre, ce n’est pas le cas ! Pareil en France où les pouvoirs publics s’emparent des chemins de St Jacques pour promouvoir l’itinérance. C’est plus vendeur que les GR !
    Le volet pèlerinage ou patrimonial ne compte plus vraiment, l’Espagne profite de cette manne touristique et au contraire d’autres grands sites comme Venise, n’en souffre pas. St Jean Pied de Port non plus... Il suffit d’une semaine à l’Accueil au mois d’Aout pour se faire une idée du phénomène massification de St Jean à Pampelune....

    J’apporte au débat une bonne ou mauvaise nouvelle, c’est selon ! Une véloroute de Trondheim à Compostelle par Irun, est en cours de construction, ne sachant pas si l’Espagne aura les moyens de la terminer. Elle est opérationnelle en France jusqu’au département de la Charente . Voir http://eurovelo3.fr/la-scandiberique/

    Vu l’engouement de l’itinérance à vélo, la destination Santiago a de beaux jours devant elle... compostella ou pas !
    à Gilles : malgré tout, si tu envisages l’aspect historique "itinéraire fondateur de l’identité européenne", le Francès, chemin des Francs vers Compostelle, tiendra toujours sa promesse, non ?

  • 14 août 2017
    Claire

    Bonjour Gilles,
    Il y a longtemps que je viens sur ce forum, aujourd’hui je ne peux pas m’empêcher d’intervenir car à vous lire, je pense irresistiblement à ce texte de Félix Leclerc dans le Calepin d’un Flâneur. Le voici :
    "Il n’a pas été heureux en religion, il rêve de brûler les curés
    Son livre n’a pas marché, il éreinte les auteurs
    Son mariage est un fiasco, il essaie d’en dégoûter les autres
    Il interdit à sa famille de manger de huitre parce qu’il ne les digère pas
    Démolir est son lot, à l’affût, il lance des flêchettes sur tout ce qui passe. Comme un vin manqué, sa vie est acide. Le succès des autres le blesse, il en mourra.
    Ce garçon est nécessaire, il stimule"

    Ne le prenez pas mal, Gilles. Beaucoup de ceux et celles qui ont fait le long chemin jusqu’à Santiago connaissent la nostalgie, y compris moi, mais c’est la nostalgie de mon chemin, de ces moments particuliers que j’ai vécus, pas du chemin qui reste et restera le même quoique vous en pensiez, les modes, la foule (que personnellement je n’ai pas vue ??), c’est l’écume des choses, il faut essayer de porter son regard un peu au-delà. Et croire aussi que le même bonheur de marcher est possible sur d’autres chemins, bien sûr (vécu), avec un but, un esprit ouvert, de la curiosité et de l’enthousiasme.
    Amicalement

  • 16 août 2017
    Gilles

    Je te suis, moneypenny, comme d’hab !
    Et oui, le chemin des francs vers Compostelle tiendra toujours sa promesse, pour ceux qui le vivent dans ce but. De même que Venise, que tu évoques et où je séjourne régulièrement, sera toujours Venise et tiendra toujours ses promesses pour qui viendra pour ses merveilles.
    Mais quel site célèbre dans le monde ne subit pas cette forme d’altération qu’apporte le tourisme de masse ? Ce n’est pas méprisant pour les gens qui viennent que de le dire. Ils en ont parfaitement le droit respectable. Mais les faits sont têtus : une fréquentation massive dénature les raisons mêmes pour lesquels on se rue.
    Il suffit de voir à Venise toutes ces affiches placardées incitant à respecter les lieux pour craindre cette même évolution sur le Francès où la massification est sous une autre forme en croissance continue et non maîtrisée.
    Et donc on est en droit de se demander s’il ne faudrait pas maîtriser le phénomène pour tenter de préserver la noble destinée de ce chemin. D’où ma question sur la compostela. Une idée peut-être irréaliste, j’en suis conscient, mais dans un premier temps on peut poser toutes les idées sur la table, car il va bien falloir faire quelque chose plutôt que dénoncer ou être fataliste.
    Ça n’a rien à voir avec de la nostalgie, juste n’oublions pas les raisons du classement au patrimoine de l’humanité de ce chemin. Sinon d’ailleurs l’Unesco s’en chargera ! Mais qu’est-ce que ça peut bien faire aux marchands du temple, ça...

  • 18 août 2017
    caminophile

    A lire Gilles, il faudrait "sauver le camino" (et plus particulièrement le frances), au prétexte qu’il y aurait trop de marcheurs et une décision de l’Eglise est préconisée dans le sens d’une suppression pure et simple de la Compostela.

    Vu l’implication du clergé catholique dans l’organisation des pèlerinages de masse notamment vers Lourdes, il semble quasi flagrant que l’idée de Gilles ne trouvera pas là un écho favorable...

    Mais suffit-il que l’un des caminos soit affirmé surchargé (sur quelle période ?) pour en arriver à vouloir priver des "affirmés" croyants d’un document ayant à leurs yeux de l’importance ?

    près de 10.000 km sereinement parcourus m’ont appris le sens de la tempérance et je laisse à d’autre(s) le soin de vouloir "légiférer" sur une question que je ne me reconnais pas le droit de trancher.

  • 21 août 2017
    Louis R

    Qu’est ce qui est le plus important la Compostela ou le chemin ?
    Pour ma part je parcours le chemin frances et d’autres voies (Baztan, la Nive, le camino de Baiona) avec mon carnet de pelerin et c’est le seul document qui me permet de garder un souvenir de tous ces kilomètres parcourus.
    La compostela n’est qu’un "diplôme" certifiant que vous avez atteint le but. Comme tous les diplômes obtenus, tous ne l’ont pas été avec la même note, certains sont les premiers (20/20) d’autres sont les derniers (10/20) mais ont obtenu leur diplôme. Il y a t il une différence de diplôme ? non...
    La compostela c’est la même chose, il y a ceux qui n’ont fait que les 100 derniers km et les autres...
    Mais les souvenirs restent sur le carnet du pèlerin, chaque tampon indique bien entendu le passage à tel endroit, mais rappelle aussi les souvenirs liés à ce lieu.
    Pour moi c’est le plus important !
    PS : j’ai parcouru cet été (fin juillet) une partie du Frances avec ma compagne, je craignais le monde, la cohue dans les albergues, et bien non, j’ai été surpris de la facilité de trouver un hébergement, de marcher presque seul sur le chemin. Mon constat est qu’à cette période de l’année, il y a beaucoup plus de jeunes (période de vacances) et donc l’ambiance est différente qu’à d’autres périodes de l’année, mais je n’ai pas été dérangé.

  • 22 août 2017
    jean pierre en Lauragais

    @ Louis R

    La notion d’“ importance” est toute relative, manifestement tout le monde n’a pas :

    ... mû(e) par sa foi, a dévotement visité ce très saint Temple.
    Au nom de cette foi, je lui remets la présente attestation, munie du sceau de cette Sainte Eglise...

    Je ne lis pas couramment le latin dans le texte, mais je n’ai pas vu qu’il s’agissait d’un diplôme mais bien d’un certificat qui... prenait acte d’être arrivé là mû par la dévotion ou un voeu ...

    La Compostelae ne ressemble effectivement pas à une Credencial et le sceau de la Sainte Eglise est un peu différent du tampon d’un gîte.

    Bien sûr rien d’interdit de parcourir ce sentier autrement que d’être mû par une simple foi.

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