SDF vivant sur le chemin du Puy

Sophie

Bonjour, Nous avons marché sur les Chemins de Saint-Jacques il y a
deux semaines, entre Moissac et Roncevaux. Lors de notre pèlerinage, nous avons croisé par deux fois des personnes sans domicile fixe,
"vivant sur le chemin" (à Aire-sur-l\’Adour et Pimbo, dans les Landes) et avons
été assez impuissants à les aider. D’autres pèlerins ont-ils rencontré des SDF vivant sur le chemin, et des associations ("Amis de Saint-Jacques" ?) apportent-elles une aide à ces personnes ?
Sophie

11 réponses disponibles

  • 18 août 2017
    Sophie

    Bonjour, Nous avons marché sur les Chemins de Saint-Jacques il y a
    deux semaines, entre Moissac et Roncevaux. Lors de notre pèlerinage, nous avons croisé par deux fois des personnes sans domicile fixe,
    "vivant sur le chemin" (à Aire-sur-l\’Adour et Pimbo, dans les Landes) et avons
    été assez impuissants à les aider. D’autres pèlerins ont-ils rencontré des SDF vivant sur le chemin, et des associations ("Amis de Saint-Jacques" ?) apportent-elles une aide à ces personnes ?
    Sophie

  • 20 août 2017
    gabrielle

    il y a toujours eu des sdf sur les voies françaises de Compostelle et certains connaissent bien les endroits où ils peuvent être accueillis car ils y retournent plusieurs fois. lors de séjours hospitaliers à Conques et à Estaing j’en ai accueilli plusieurs et au moins un à chaque séjour. ils ont une chambre réservée pour eux et ils peuvent y rester plusieurs jours, ils viennent prendre leur repas comme tous les pèlerins et bien sûr sans que personne sache qu’ils ne paient pas. parfois certains "habitués" mangent aussi à midi avec le personnel et les bénévoles, et aussi parfois se permettent des "privautés" que les bénévoles n’oseraient même pas faire !! (comme de se servir dans le frigo et boire à la bouteille en douce !)
    j’ai aussi accueilli souvent des personnes (en errance ?) qui n’ont plus de travail et donc pas d’argent et qui se mettent sur ces chemins espérant qu’il y aura bien toujours quelqu’un pour les aider à se nourrir ? d’autres prétendent qu’ils ont choisi (???) de faire le chemin sans argent par humilité ! curieusement on les retrouve parfois dans les gîtes avec des bouteilles et faisant la fête alors qu’ils ont apitoyé les accueillants pour ne pas avoir à payer leur lit ? à St Jean quand on s’occupait du gîte il y avait au moins deux cas comme ça par semaine, et même maintenant il y a toujours des "cas" aussi pour ne pas payer la credenciale à 2€.
    je pense qu’il y a aussi de la pauvreté sur les chemins, mais attention il y a beaucoup de petits malins...

  • 21 août 2017
    beatrice gabriot

    j’ai rencontré deux de ces personnes sans domicile dans un gite de ce même chemin du Puy. (le gite de Nogaro)
    ils connaissaient parfaitement les mœurs, us et coutumes des pèlerins. J’ai eu l’impression qu’il y avait pour eux, outre un accueil pas cher (ils ont payé, après avoir attendu en notre compagnie l’ouverture du gite) une espèce de sentiment d’inclusion dans un groupe socialement solide (en général) que sont les pèlerins de Compostelle.
    Ils n’ont rien demandé, ont été faire leurs courses pour le repas comme nous tous, et ont, comme nous tous, partagé le repas.
    pas de soucis de bouteille, un d’entre eux dormait à coté de moi, aucun souci.
    cela m’a beaucoup émue.
    Malgré qu’ils soient comportés comme tout-un-chacun de pèlerin, le "marquage" social était là : les pauvres vêtements, les sacs qui contiennent toute la vie, le marquage des corps aussi, des visages vieillis bien trop tôt.
    une rencontre .....

  • 22 août 2017
    claire

    Béatrice, votre message empreint d humanité rechauffe le coeur, c’est rare sur ce forum, c’est le vrai visage du chemin, celui que j aime, merci

  • 23 août 2017
    Jo

    Très juste Claire et merci Béatrice....ça nous change de toutes ces querelles d’un petit groupe
    Ça me donne envie de revenir m’exprimer sur ce forum....

  • 28 août 2017
    beatrice gabriot

    merci de vos deux réponses qui, en retour, me réchauffent le cœur à moi aussi ..

  • 28 août 2017
    Jean-François Demange

    Le phénomène des faux jacquets est aussi vieux que le Camino.

    Pour limiter les excès, les abbayes avaient pour habitude d’entailler les Bourdons chaque matin, avant de les prier de bien vouloir poursuivre leur chemin au delà de cinq encoches.

    Il m’est arrivé de donner un Bourdon à l’un de ces faux jacquets, je ne regrette pas mon geste.

    Le Camino est redevenu un phénomène social et tout phénomène social ayant ses marginaux, il ne faut pas s’en étonner.

    Jean-François Demange
    Le Bourdon du Pèlerin

  • 29 août 2017
    beatrice gabriot

    interessante l’information de Jean François, ça donne envie de creuser un peu l’Histoire..

    en réfléchissant tout à l’heure à propos de cette discussion, et à propos des exclus de notre société, je voudrais faire part de cette expérience que j’ai vécu en 2013 qui me revient très fort en mémoire :.
    Sur le le chemin (voie de Vezelay) en mai 2013, il flottait tous les jours tous les jours. Je portais donc un poncho kaki sur mon sac et mes vêtements, mais malgré tout, la pluie rinçait tout heure après heure. Je devais ressembler à une serpillère, couleur comprise.
    je vais dans un super-marché acheter de quoi déjeuner. j’arrive à la caisse et je me vois prise à partie par une employée du magasin qui me reproche d’avoir balancé par terre des papiers , des saletés... avant que je puisse répondre elle s’en va, après m’avoir regardé comme si j’étais un chien galeux. Vraiment une tonne et plus de mépris dans le regard.

    je fais le point de l’incident avec la caissière, qui s’excuse gentiment. J’en étais malade. l’humiliation pris au ventre comme un coup de poing.
    Encore maintenant quand j’y pense, je repense à cette violence.

    je revois mon aspect à ce moment : une femme aux cheveux gris, cheveux mouillés, avec un sac à dos, des chaussures de marche et un poncho sans forme et de couleur peu appétissante : à quoi pouvait-elle penser cette employée ? à une SDF ? une routarde paumée ? qui achète une boite de sardine un petit saucisson une baguette et trois fruits ? "la loose" diraient les jeunes.

    ça a été une expérience très désagréable, mais somme toute profitable. ô combien un regard peut blesser, peut tuer qq dans l’âme.
    Quand on en parle c’est une chose, quand on le vit, c’en est une autre !
    j’essaie depuis de faire encore plus attention à ces personnes que l’on croise parfois sur nos chemins, chemins de Compostelle et tous nos chemins de vie, et finalement je dis merci au chemin d’avoir vécu ça. Cela vaut tous les discours.

    merci d’être arrivés au bout du message
    amicalement à tous
    Béatrice

    ps : depuis je me suis achetée un superbe "machin" avec des manches et fermeture éclair, poncho de luxe, d’un beau rouge .... mais je n’ai plus jamais été trempée de la sorte :)

  • 30 août 2017
    Jo

    Moi, c’est la porte d’une maison d’hôtes qui a failli rester fermée...la propriétaire m’avait prise pour une SDF et il a fallu que j’insiste sur la sonnette et que je lui donne moult détails....Un bon souvenir après coup...

  • 31 août 2017

    Aux alentours de 1936, voici l’arrivée à Compostelle du futur évêque du Puy, Monseigneur Martin, alors aumônier des étudiants de Bordeaux, tel qu’il l’a racontée. Son récit a été transmis par Osmin Ricau à la fin de son ouvrage sur les chemins gascons ("Le Padre", c’est lui, nommé ainsi par les Espagnols, et "les enfants" ce sont les étudiants qu’il accompagnait) :

    "Alors que toutes les grosses difficultés étaient passées et que la terrible Castille n’était plus qu’un lointain souvenir, quatre jours avant d’arriver, sept cent kilomètres ayant été accomplis, le Padre a dû capituler et abandonner sur la route les vaillants pèlerins pour arriver à Saint-Jacques... dans une auto ! Sous une pluie battante, je pris livraison de mon sac qui avait connu des heures dures mais fières, et qui venait de voyager sur l’impériale de l’autobus dans une promiscuité dégradante, avec des mallettes de commis-voyageurs et des sacs de marchandises, de légumes secs. A la cathédrale, pleine d’ombre, où j’allais accomplir mon pèlerinage en clochant sur un pied, on me mit à la porte ! Un long imperméable cachait ma soutane ; mon pied douloureux n’était même pas enfoncé dans une espadrille mal ficelée ; j’avais tout du pauvre et du boiteux et, comme les mendiants sont nombreux en Espagne et fréquentent volontiers les églises, le sacristain chasse-chien et porte-clefs me prit loyalement pour l’un d’entre eux !
    Etonnerai-je les lecteurs en avouant que des larmes me vinrent aux yeux ? J’étais bien seul, bien loin ! J’avais dû abandonner les enfants (et les enfants on sait bien qu’on ne fait jamais rien que pour eux). Après le dur effort accompli, il avait fallu renoncer à la satisfaction d’arriver à pied jusqu’au bout. Je souffrais. J’avais froid. Je ne savais où aller. Je ne connaissais personne dans ce lointain pays. J’avais le droit d’être inquiet sur l’infection de mon pied qui progressait rapidement et gagnait maintenant au-dessus d’une cheville entièrement déformée et m’interdisait absolument de poser seulement le pied par terre à cause de l’intensité extrême de la douleur. Oui, j’avoue que dans cette cathédrale sombre et presque déserte, le Padre sans enfants y est allé de sa petite larme...".
    Denise Péricard-Méa, fondation David Parou Saint-Jacques

    Voir en ligne : Monseigneur Martin pèlerin de Compostelle

  • 2 septembre 2017
    Jean-Pierre (Chemin Faisant)

    Bonjour à tous !
    Comme je vous comprends, Béatrice et Marité !
    J’ai vécu pareille situation à Oviedo. Après plusieurs jours de pluie, à quoi ressemblais-je dans les rues de la ville ? Résolu à trouver une laverie automatique pour procéder à une bonne lessive, et surtout à un séchage complet, je me dirige vers un passant pour quérir l’information.
    Me voyant approcher, avant même que je m’adresse à lui, ce monsieur me tend ... une pièce d’un euro !
    Pour la première fois de ma vie, on me faisait l’aumône ...
    Quel étrange malaise s’est emparé de moi ! Quelle nécessité impérieuse de refuser l’obole, de rectifier le tir en expliquant la méprise ! Quelle leçon d’humilité aussi, à jamais gravée dans mon coeur !
    Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire sur ce forum, Jacques n’est pas mon saint patron. C’est Benoît-Joseph Labre ... Ce "vagabond de Dieu" est né à Amettes, sur la Via Francigena. Son tombeau se trouve dans une petite église de Rome, près du Colisée.
    Petite dernière précision : Saint Benoît-Joseph Labre est également le patron des SDF !
    PS : à l’ancien carmel de Condom, un résident m’a appris (cela est à vérifier) que l’expression "sans domicile fixe" était employée à l’origine pour nommer ces riches rentiers qui changeaient souvent de résidence, vivant tantôt dans un hôtel de la Côte d’Azur, tantôt dans un chalet de Megève ou encore dans un palace aux Antilles !
    Bien loin de la réalité des "sans abri" ...

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