Amis pèlerins,
Je vous écris à 23h00 depuis Sigüeiro, alors qu’il est bien difficile de m’endormir d’ici aux 16 kilomètres qui me séparent de Santiago (nombre des "pèlerins" présents au gîte où je me trouve vaquant à ses occupations comme s’il était 17h00).
Pour mon sixième chemin et disposant de peu de temps cet été, j’ai choisi le Camino Ingles et je ne saurais témoigner combien ma déception est grande. Sur ce chemin, que des groupes (à minima, des couples, dans le pire des cas quinze à vingt jeunes) et quasiment aucun marcheur solitaire. Personne n’est ouvert à la rencontre, à l’échange, au dialogue. Le pèlerin ne semble pas avoir sa place ici et passe, au mieux, pour une étrangeté qui inspirerait presque la méfiance.
J’estime les tourigrinos à hauteur 80% des cheminants, le reste fait porter ses sacs, chante à tue-tête et passe ses journées sur Instagram, simplement venus jouer à "Eat, pray, love" sur les chemins (à ceci près qu’ils honorent peu de tables, ne prient jamais et ne semblent pas aimer au delà des miroirs narcissiques que sont les réseaux sociaux).
En cinq jours, je n’ai eu le plaisir que de deux conversations dépassant les 10 minutes, hier avec Uros, un pèlerin slovène qui, lassé par la course que nous impose les tourigrinos (tous debouts à 6 heures pour attendre à 11h00 devant les albergues municipales qui disposent de moins de 30 places en moyennes, les hébergements privés étant déjà quasiment tous réservés de longue date) a décidé de ne plus séjourner que dans les albergue situées entre deux étapes clés, et ce soir, avec Daniella, pèlerine milanaise très sympathique et aussi déçue que moi.
On connaît tous les tourigrinos débarquant à Sarria sur le Frances et même si le Camino Ingles ne fait que 112km, je le pensais à peu près préservé : le mois d’août m’aura donné tort.
Je me dis qu’il est peut-être temps de trouver des solutions radicales : ne plus fournir la credential qu’après une rencontre spirituelle et religieuse dans son diocèse (ça libérera un nombre considérable de places dans les albergues municipales, dont la vocation n’est de toute façon pas censée être lucrative) et donner la Compostela à quiconque la réclame (le principe historique d’un pèlerinage ne résidant pas dans le chemin, qui n’était initialement long qu’en l’inexistance de moyens de locomotions modernes, mais dans l’arrivée à destination. Les musulmans se rendent à la Mecque en avion et cela ne pose pas de problème à qui que ce soit), ce qui nous débarrassera d’une certaine part des Compostela Hunters, peut-être aussi réserver quelques places prioritaires à quiconque peut attester de quelques centaines de kilomètres au compteur à minima, de quelques dizaines sur la journée, ou d’aléas de santé particulier (quoi de plus révoltant que de voir un pèlerin de 70 ans qui marche depuis chez lui se faire refouler d’une albergue parce qu’il a eu le malheur de marcher plus de 30km dans une journée et que des tourigrinos qui font porter leurs sacs et voyagent en bus ont réservé depuis deux mois... Histoires véridiques que l’on observe quotidiennement).
Bref et comme beaucoup lus ici et là, triste de voir ce que deviennent nos chemins, dévorés par un tourisme de masse dénué de toute idée de spiritualité. Et déçu par ce sixième chemin qui s’achèvera demain sous une pluie torrentielle et à l’hôtel. Espérons que certains sauront mener les combats nécessaires au changement !
Jean,le pèlerin toulousain
9 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteHola PEREGRINO |
Gilles
9 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteBonjour cher SoleilHK. (Dans moins de 3 semaines je pars de Paris pour Cadix. Selon la masse résiduelle de ""pélerins"" que je constaterai fin septembre à SJPP j’opterai pour le Francès ou le Norte. A chaque fois je crains que ce ne soit la dernière fois et que le seuil d’infréquentabilité soit définitivement atteint pour le fossile d’un age révolu que je serai donc devenu.) Un abrazo, Companero ! |
jean pierre en lauragais
9 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteHé oui ! On ne peut plus suivre ses pulsions et "faire" certains chemins comme "avant". "Aujourd’hui", compte-tenu du vécu décrit par "SoleilHK", on se doit de réfléchir préalablement à QUAND et surtout à OU en fonction de ce "quand". Comment trouver LE chemin avec une densité d’hébergements bon marché suffisante et assez de monde pour pouvoir "échanger" mais point trop cependant pour ne pas être em…é ? Il y a heureusement, bien d’autres chemins de pèlerinage. Comme dans la chanson de Paul Arma, pour ma part, "Je vais par le monde, emportant ma joie |
Edith et Serge
10 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteBonjour à toutes et tous ... Tout est - hélas - bien résumé dans ces lignes. Un salut particulier à Gilles à qui nous souhaitons un bel et bon Chemin. Quant à nous, dans une semaine, le 19 août exactement, nous partirons vers Assise. Nous terminerons par cette magnifique citation de G.H. Chesterton : Edith et Serge |
Guy24
10 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteLes remèdes, qui pourront être portés ? Le temps du tourisme consommateurs individualistes est aussi la conséquense de notre monde actuel qui cherche et veut se valoir de tous les challenges pour mode. L’égoisme, l’individualisme au moindre effort pour profiter exiger et aussi mépriser le " pélerin " presque assimilable à une bête curieuse qu’est ce qu’elle fait là ? Le système aussi économique alimenté par les Espagnols eux - mêmes trouvant et donc encourageant le remplissage au détrimant de la réelle démarche de l’individu. La, les solutions et remèdes, ne sont pas en ces temps de crise et sans mesure évidents. Nous marchons en couple ( avec Martine...petit salut à Eddith et Serge, nous partions sur la Francigéna l’été dernier avec beaucoup de conseils reçus de leur part) et avons constaté que les groupes formaient une société suffisante, parfois envahissante et despotiques sans gêne. Au regret aussi de dire que les anciens bien souvent n’ont pas de leçon à donner aux jeunes, même au contraire sous couvert que leur âge donnerait des prérogatives !!!! |
Gilles
10 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteQue les Dieux (?) des camiños t’entendent Guy24 ! En attendant ce jour inespéré, que nous, les vétérans, nous comportions patiemment philosophes comme des chats !... Edith & Serge, bon chemin les amis ! Je pars aussi le 19 août, |
gilbert
10 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteDes changements ? Que non, l’argent coule en GALICE et ailleurs, les affaires sont bonnes, alors pourquoi changer, nous sommes que quelques uns à réagir, le combat est perdu, je viens de faire le chemin Mozarabe où il n’y a presque personne , j’y ai retrouvé des sensations que j’avais oublié , oui il y a encore des chemins plus confidentiels moins confortable pas encore à la mode. |
Belorado
11 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autorouteIl faut bien que le trop plein de " touristes pseudo pèlerins " se déverse quelque part .. Le flux augmentant , il faut bien que le déversement trouve une autre voie ..C’est comme une dégât des eaux , l’eau finit toujours par trouver un chemin .. On l’a déjà dit et écrit cent fois , arrêtons de geindre et de nous plaindre .. @ Gilbert : |
atapuerca
12 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autoroutebonjour |
Guy24
14 août 2019 |
Camino Ingles, la nouvelle autoroutePas mal, pas faux comme dernier commentaire ! Il est vrai que la religiosité n’est pas le seul moteur de ces cheminements. La rencontre, cotoyer avec mesure et respect les autres suivant leurs sensibilités sont moteubrs de beaucoup de ces pélerins, terme toutefois générique, il faut bien se reconnaître sous une bannière. |
Jerome
15 août 2019 |
SoleilHK dit qu’il est tristeSoleilHK dit qu’il est triste de voir ce que deviennent « nos » chemins ? L’emploi de cet adjectif possessif "nos" n’est pas anodin ; c’est le zèle déployé par le prosélyte pour adhérer à son idée rétrograde sur le tourisme de masse qui, selon lui, serait dénué de spiritualité. Si, comme il le souhaite, il devait tenir un tel discours égoïste à son évêque pour obtenir le carnet du pèlerin, je crains que le prélat ne le tacle méchamment en condamnant ce manque de charité. |
peregrinus
13 août 2019 |
la nouvelle autorouteJe viens de lire qu’il ne faudrait plus délivrer la credential qu’après une rencontre spirituelle et religieuse dans son diocèse Ainsi des places dans les albergues seraient libérées. On dit aussi que la vocation des albergues municipales et paroissiales n’est pas lucrative. En outre il ne serait pas bon de donner la Compostela à quiconque la réclame. Je crains que le chemin de Compostelle n’ait été remis au goût du jour que dans les années 70. C’est vrai de 80% des pèlerins ne sont pas des catholiques pratiquants. Mais quelle importance ! C’est vrai que sur les 100 derniers km il y a beaucoup plus de monde et essentiellement des jeunes espagnols. Mais ils sont chez eux les Espagnols, ils sont plus pauvres que nous, les Espagnols ! Ils font ce qui leur semble bon pour leur économie, pour leurs familles les Espagnols. Alors je dépense avec plaisir à Foncebadon ou à El Acebo pour faire revivre ces villages. |
Gilles
15 août 2019 |
la nouvelle autoroute @peregrinusPeregrinus, vous narguez d’un « sic » en début de votre post une faute d’orthographe alors que votre prose en est truffée. |
jacques
17 août 2019 |
on
la nouvelle autoroute @peregrinusBonjour à tous, |
Griffon
19 août 2019 |
la nouvelle autoroute @peregrinusBonjour Jacques, Lors de mon passage à El Acebo en 2017 l’hospitalier m’ a parlé de ce chemin (Membre de l’A A St Jacques PA). |
Guy24
17 août 2019 |
la nouvelle autoroute @peregrinusFaîtes, faisons les chemins ! Ils ne nous appartiennent pas, nous les empruntons, au peuple Espagnol ils sont leur territoire. La bienveillance, l’accueil qu’ils nous témoignent rendent possibles nos périnégrations. Hier, aujourd’hui ils sont présents nos hôtes. |
19 octobre 2019 |
#jesuislaJe crois que la fréquentation en hausse de tous les chemins de Compostelle est un bonheur tant pour les touristes ou pèlerins que pour les commerçants et les hébergeurs. Quel contentement pour nous autres de payer son dû sans chouiner. |
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