Je le vois....
Je le vois, LE chemin…
Sous un soleil timide mais déjà chaud, IL serpente entre une petite rivière et un grand bois. IL est bordé de fleurs sauvages et d’orties. Dans un petit pré, des vaches paissent, tranquilles. Parmi elles, un jeune chevreuil, inquiet, me regarde passer. J’arrive bientôt au gîte. L’Hospitalier est sur le seuil, un verre d’eau fraîche à la main.
Un autre pèlerin est arrivé avant moi. Au tour de la table, on ne parle pas tout au bonheur d’être là.
Des pâtes, du fromage et une pomme avec un verre de vin du pays, lourd qui râpe la langue.
Maintenant sur ma paillasse, j’écoute mon premier ronfleur du chemin…
Si tu veux le voir. ALORS RESTE CHEZ TOI !!
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Je le vois, LE chemin…
Sous un soleil timide mais déjà chaud, IL serpente entre une petite rivière et un grand bois. IL est bordé de fleurs sauvages et d’orties. Dans un petit pré, des vaches paissent, tranquilles. Parmi elles, un jeune chevreuil, inquiet, me regarde passer. J’arrive bientôt au gîte. L’Hospitalier est sur le seuil, un verre d’eau fraîche à la main.
Un autre pèlerin est arrivé avant moi. Au tour de la table, on ne parle pas tout au bonheur d’être là.
Des pâtes, du fromage et une pomme avec un verre de vin du pays, lourd qui râpe la langue.
Maintenant sur ma paillasse, j’écoute mon premier ronfleur du chemin…
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Concerto en RR majeur
Compostelle, c’est aussi la joie et le bonheur de partager les grands moments musicaux du dortoir...
Ce soir, c’est un dortoir de 16 personnes dont 2/3 de musiciens en RR majeur. En dessous de moi (lit superposé !), une américaine de Seattle démarre le concert par un léger vibrato de bouche continu à l’expiration suivi d’un staccato de sifflement nasal à la reprise d’air. Très vite, Robert et Christian entament leur partition en RR majeur, avec un petit décalage pour Christian, ce qui permet aux apprentis dormeurs d’atténuer quelque peu le bruit de l’orage qui tonne au loin sur mes monts de Navarre. Avec les éclairs qui illuminent le ciel d’Uterga et diffusent leurs flashs stroboscopiques dans la chambrée, on se croirait à un concert de Jean-Michel JARRE.
Quelle entame !
Très vite, les Américains répliquent. Ils sont en force ce soir et le font savoir bruyamment. Le père d’une famille de 3 enfants lance le fameux double RR de Pennsylvanie. Le Maryland et la Floride enchaînent avec un RR majeur sifflé. Classique mais très en rythme.
Le hollandais cyclo tente un double SSCHHH mais ce dernier, exécuté sans doute sur un tempo trop rapide, se perd sur le mouvement suivant fait de RR classiques et parfaitement maitrisés par nos 2 frenchies. Soudain, un pet clair long et limpide claque. Quel final. C’en est trop ! Je me lève et je sors, ému...
Quelle soirée !
J’ai hâte d’être à demain. Il paraît qu’à Estella la salle de concert nocturne est de 20 places et devrait jouer à guichet fermé. Dans 5 ou 6 jours, Christian et Robert pensent également défendre leurs chances dans la grande salle de Burgos (60 places). Quel talent !
Rédigé dans la nuit du 10 au 11 juin 2014 à l’albergue Camino del Perdon à Uterga (Navarre)
Déja publié sur ce forum. Respect à son auteur dont je n’avais pas recopié le pseudo !
Il ne manque que de Funès à la baguette pour diriger l’orchestre !
En quoi pour les musiciens nocturnes pèlerin est un titre ronflant.
Pour l’anecdote (nous avons tous du temps à perdre ces temps-ci) une nuit à Castilblanco de los Arroyos, Via de la Plata, la fanfare interdisait formellement de dormir. N’en pouvant plus quitte à ne pas dormir j’ai décidé de partir comme un zombie à 3h30 du matin. Un pas en entraînant un autre j’atteins Monesterio sans préméditation dans l’après-midi. Ça restera sûrement à jamais ma plus longue étape avec plus de 60 kms. Car les années passent, le gouffre a toujours soif, la clepsydre se vide.
Je suis incapable de dire s’il y avait des ronfleurs à Monesterio. À la réflexion, moi peut-être ?...car
Dans tout pèlerin il y a un ronfleur qui sommeille.
Gilles