(FRA. Paris, Gallimard. 2010) : récit.
 
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  • 20 avril 2010
    Bernard Delhomme

    L’odyssée plantaire d’Alix

    Dans la foulée essoufflée d’une apprentie pèlerin, direction Compostelle.

    Elle marche, elle clopine, notre romancière. Cette bonne vivante, trois paquets de clopes/jour, le vin convivial, adepte du quatre roues, est le genre « à rentrer en voiture dans le restaurant » et donner les clefs au serveur. Pour commettre une brillante comédie, vous plongez un individu dans un univers radicalement différent de lui. Et vous observez les malentendus, les gamelles, les découvertes, les mutations. Voici donc Alix entreprendre le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Près de 800 kilomètres, des jours et des jours de marche, courbatures à volonté, en compagnie de catholiques sous toutes leurs formes : en couple, en solo, en famille… Une armée éparpillée de pèlerins avance un pied devant l’autre vers la destination. Un compagnonnage hétéroclite, qui suscite parfois des envies de meurtres chez notre novice en pèlerinage. Un kilomètre à pied, ça use, ça use, deux kilomètres à pied, ça use les souliers. Quid de huit cents kilomètres ?

    Le Français pèlerine groupé. Vieille habitude. On marche en rang derrière l’instituteur, le curé, une banderole vindicative… Notre Alix, avec une volonté physique qui force mon respect – j’ai comme elle fumé trois bureaux de tabac -, fait son Kerouac. Sur la route de Compostelle, à noter que le départ se fait de chez soi, godasses de Terminator aux pieds, sac bien sanglé pour épouser le dos. En apparence, ce récit pourrait sembler espièglement futile. À trois reprises, l’auteur tentera le périple. Et aux observations physiques – qu’un comprimé de Voltarène soigne illico – se succèdent un parcours spirituel – drôle et religieux, l’adjectif étant le même. Des portraits colorés, des villes sans charmes, Alix de Saint-André pélerine en s’intéressant aux autres. C’est Homère sans les combats, l’Odyssée plaisante, personnelle et tendre d’une journaliste qui a rangé dans son barda sa vie d’avant. Son nouveau passeport ? Celui de Compostelle, tamponné étape après étape.

    En avant, lecture !

    lecture 2010 / Le Western culturel

  • 20 avril 2010
    Bernard Delhomme

    Alix de Saint-André a pris trois fois la route de Compostelle. La première fois, elle est partie de Saint-Jean-Pied-de-Port, sur le chemin français, avec un sac plein d’idées préconçues, qui se sont envolées une à une, au fil des étapes. La deuxième fois, elle a parcouru le " chemin anglais " depuis La Corogne, lors d’une année sainte mouvementée. L’ultime voyage fut le vrai voyage, celui que l’on doit faire en partant de chez soi. Des bords de Loire à Saint-Jacques-de-Compostelle, de paysages sublimes en banlieues sinistres, elle a rejoint le peuple des pèlerins qui se retrouvent sur le chemin, libérés de toute identité sociale, pour vivre à quatre kilomètres-heure une aventure humaine pleine de gaieté, d’amitié et de surprises. Sur ces marcheurs de tous pays et de toutes convictions, réunis moins par la foi que par les ampoules aux pieds, mais cheminant chacun dans sa quête secrète, Alix de Saint-André, en poursuivant la sienne, empreinte d’une gravité mélancolique, porte, comme à son habitude, un regard à la fois affectueux et espiègle.

    • 15 mai 2011
      Louis Mollaret

      Le succès du livre d’Alix de Saint-André est tout à fait significatif de la place prise par Compostelle dans la société contemporaine. Il contribue à alimenter l’imaginaire et à faire rêver. L’auteur dans certaines interviews prétend malheureusement faire oeuvre d’historienne. Son livre a sa place dans l’histoire du pèlerinage contemporain dont il décrit bien les aspects folkloriques enracinés dans un vieux fond religieux. Il n’apporte rien à l’histoire de Compostelle dont la plupart des pèlerins se moquent tout en la racontant parce qu’ils ont besoin de rêver.
      Pour en savoir plus sur le pèlerinage contemporain :
      http://www.saint-jacques-compostelle.info/Routes-et-chemins-de-Compostelle_a98.html

  • 8 juin 2011
    Louis Mollaret

    Alix de Saint-André a marché trois fois vers Compostelle. C’est à la mode mais pas encore banalisé. Partie « faire Compostelle », elle a été rattrapée par son métier. Elle rend compte de ses Chemins de Compostelle. Mais ce ne sont pas des sentiers quelconques. Ils sont porteurs de légendes, d’un folklore, d’un mélange de vraies et fausses traditions, d’une magie, de grâces peut-être qui marquent plus ou moins chaque pèlerin. Son livre est tout imprégné des lieux communs propres à tous les récits de pèlerins. Etant allée à Compostelle trois fois, elle n’évite pas les répétitions. Partie fausse ingénue elle joue le jeu de toutes les traditions pèlerines qui s’apprennent vite. Comme tous les pèlerins, elle n’a d’yeux que pour elle et les autres pèlerins avec qui elle chemine. Mais ses yeux sont vifs et sa plume alerte ce qui vaut au lecteur bien des remarques cocasses qui ne se trouvent pas ailleurs et sont autant de moments de plaisir. Elle n’évite pas certaines longueurs (4 pages sur un chat). Etant en pèlerinage, elle prie beaucoup, se fait bénir, tout en affichant un certain détachement. Foi ou folklore ? Son métier lui impose-t-il une posture ? Pudeur ou respect dans l’expression de sa foi ? Le lecteur peut avoir parfois l’impression d’un jeu. Mais la vie est pleine de zones d’ombre. La lumière est dans les regards et les couchers de soleil sur l’océan.