> Témoignages / "nous cherchons un peu de force, nous sommes fragiles"

Bonjour,

J’ai lu ce texte du Père Ihidoy dans le livre de Laurence Lacour "Jenda, jendié, tout homme est homme sur le chemin de Compostelle".

Et j’ai pris le chemin à partir du Puy en Velay.

C’était en Mai et Juin 2004.

J’étais un peu dans le même état d’esprit que Laurence Lacour dans son livre et aussi dans l’état d’esprit et matériel de ces personnes au chômage car je ne savais plus comment continuer ma vie.

J’étais "l’accueilli".

"L’accueillant" a la plupart du temps eu un regard mêlant admiration, respect, curiosité et amour qui m’a profondément touchée, comme si le pèlerin était un être "sacré".

Et "là-haut", sur le chemin, j’avais l’impression d’être très privilégiée et que la grande force qui me permettait de marcher allait aussi me nourrir là où elle me manquait...

Je ressens sur moi encore aujourd’hui, un an après, ce regard qui me réconforte et me permet petit à petit de retrouver une dignité.

On m’a demandé à maintes reprises ce que le Chemin m’a apporté, et ce, dès mon retour. début Juillet 2004.

Aujourd’hui, fin Juin 2005, je ne peux pas répondre.

Je n’ai pas avancé dans une "amélioration de ma vie matérielle", mais, je m’aperçois que ce n’est pas forcément cela que je recherche. C’est pourquoi peut-être j’ai l’impression d’être sans énergie.

Je vis "avec mon sac à dos" , car je n’ai vraiment besoin que du nécessaire.

Beaucoup de gens retournent sur le chemin, par un autre chemin...ou autrement...Je rêve d’y retourner...mais je serais alors en position de fuite.

Beaucoup de gens publient leur témoignage au complet sur internet. C’est fabuleux.

On ne revient pas indemne du Chemin de Saint Jacques de Compostelle.

Et aujourd’hui, j’aimerais bien communiquer avec des Pèlerins qui, après leur retour, ont repris leur vie là où ils l’avaient laissée, j’aimerais recueillir des témoignages concernant L’APRES COMPOSTELLE ; car si j’étais en quête de quelquechose, je ne peux aujourd’hui m’exprimer là-dessus et cela me fait souffrir.

Peut-être, le Père Ihidoy a-t-il médité là-dessus... Un ami prêtre m’a incroyablement soutenue durant tout le chemin et encore aujourd’hui mais je reste bloquée comme si les paroles étaient désormais incapables d’exprimer une grande émotion - comme si l’après-chemin devait me "creuser" chaque jour sans répit, comme si j’étais encore sur le chemin...

merci et ULTREIA

Janine- Béatrice

11 réponses disponibles

  • 4 juillet 2005
    loulou

    Bonjour Janine-Beatrice
    J’ai parcouru le camino Francès du Puy A Santiago, en 2004. Et je ressent a peu près la même chose que toi. Je suis aussi dans une situation ou, je vis avec mon sac a dos.
    Je suis également a peu près dans la même situation qu’avant mon départ.
    Je pense repartir vers le 25 juillet, par une autre route, je ne me sens pas en situation de fuite par rapport a cela, j’ai juste envie de marcher et de rencontrer d’autres gens aussi formidables que ceux rencontrés l’an dernier,et de retrouver la magie du chemin
    J’ai l’impression que ma quête n’est pas terminée,et j’ai moi aussi un peu de mal vis a vis de tout cela.
    Bonne chance a toi

  • 9 juillet 2005
    Maryjo

    Bonjour,
    J’ai aussi cheminer sur le camino du Puy à Santiago de septembre à Décembre 2004.
    De belles rencontres de coeur à coeur le plus souvent, la convivialité entre pélerins est de mise. Ce chemin, est avant tout un chemin intérieur ou je ne cesse de cheminer et de me découvrir aussi depuis mon retour.
    Je me suis sentie fragile après compostelle, j’ai pris beaucoup de recul pour me rencontrer davantage.
    Ma quête n’est pas terminée et le chemin m’appelle, je repars donc via la Plata début septembre.
    Je voudrai partir de Grenade...
    Bonne continuation sur le Camino.
    Maryjo

  • 9 juillet 2005

    Bonsoir Loulou et merci ;je réfléchis beaucoup à ce désir qu’ont les Pèlerins déjà accomplis de repartir sur le chemin, un autre.. Ce n’est pas l’envie qui me manque justement... J’essaie maintenant dans mon nouveau travail de surtout bien servir les gens et je suis ravie d’y arriver, bien que je constate que" l’espèce humaine" se comporte très mal, moi y compris, et je m’efforce de rester à mon poste sur terre (il faut bien que je mange) plutôt que de partir sur ce Chemin Céleste ...Malgré cette merveilleuse petite étoile dont j’aime parler, je n’ai plus le même goût pour les choses, mais grâce à cet échange autour du Père Ihidoy, je vais certainement y voir plus clair> Merci et Buen Camino - c’est pour bientôt. Janine Béatrice

  • 28 octobre 2005
    loulou

    Salut Janine Beatrice, revoila Loulou,je suis reparti de Carcassonne cette fois en passant par Lourdes puis jusque a Bayonne en train et ensuite camino del norte Stiago Fistera,retour apied par le camino Francès jusqu’a Toulouse !
    Chemin très enrichissant cette année de part les rencontre mais egalement du point de vue personnel et spirituel je suis revenu serain et changé mais ça c’est une longue histoire !
    si tu veux tu peu me contacter directement voici mon adrèsse internet (loulou.favier@laposte.net)

  • 26 décembre 2005
    Claude HUBERT

    Bonjour,
    il y a de la lumière sur le site de Bénédicte....

    Pour moi, le départ c’est le lundi 3 juillet 2006, de Nancy à Compostele en passant
    par Vézelay, St-Jean Pied de Port, St-Jean de Luz, la route du nord...et campo stella...
    si Dieu le veux...

    Claude

    chubert@neuf.fr

    http://benelacoquille.free.fr/

    Voir en ligne : Bénédicte, la pélerine

  • 30 décembre 2005

    merci Loulou - quelle persévérance et mes félicitations pour cette grande boucle et je suis heureuse de savoir que tu as, chemin faisant, trouvé la serenité.
    mais j’ai toujours pensé que la première fois, c’est la "grande fois" pendant laquelle un travail se fait - ça n’empêche pas que je suis repartie en automne 2005 de Burgos à Santiago. Cela a été une joie immense de retrouver le camino mais cette fois-ci, j’ai encore plus detesté rentrer.
    J’ai beaucoup tardé pour répondre car je me sentais incapable de parler de moi.
    La 1ère fois, j’ai pris le chemin dans un état - on peut dire -desespéré .. je suis revenue avec "une petite étoile", c’est à dire avec un bonheur inouï de l’avoir fait dans ces conditions, bonheur qui ne m’a jamais quittée et qui m’aide à vivre. La 2ème fois, c’était pour le plaisir et je reconnais maintenant que ce chemin m’attire. En toute honnêteté, j’avoue que j’assume très mal les changements opérés dans ma vie mais je vais consacrer mes vacances à repartir sur d’autres chemins de St Jacques que je ne connais pas, parce que je dois absolument me faire plaisir. je suis incapable de parler "spiritualité" . Avec le temps, je remarque que je suis de moins en moins compétente, car intérieurement, je me sens quelquepeu brisée. il faut se battre, pas vrai Loulou ? JB

  • 30 décembre 2005

    Bonjour Claude
    oui, il y a de la lumière sur le site de Bénédicte...
    C’est vraiment gentil d’avoir envoyé le lien, car je peux toujours et encore constater que tant d’autres personnes se battent pour retrouver la santé physique et la joie de vivre. Merci - Pouvoir se lever chaque matin pour aller travailler ou pour aller marcher, quel bonheur ! il faudrait systématiquement y penser au saut du lit...et la force morale devrait suivre.... Dorénavant, je vais faire cela.
    Vous préparez votre départ pour un très long chemin... je vous suivrai en pensée..
    Tous mes meilleurs voeux pour 2006
    JB

  • 23 juin 2006
    Bernic 13008

    Bonjour Janine-Béatrice. Pour moi la 1ère partie du chemin ce fut du 20 avril au 20 mai 2006 entre le Puy et St Jean Pied de Port. Dire que j’ai aimé faire le Chemin est un euphémisme, je crois pouvoir dire que j’ai tout adoré. Oui, j’ai tout adoré, le Chemin, les paysages, les odeurs, les personnes rencontrées sur le Chemin, les dialogues échangés soit en cours de chemin, soit à l’étape, entre pèlerins ou avec nos accueillants, et je pense à Jacques à Montcuq, aux pères Marc et Pierre au presbytère de Lectour, à Jean-Michel à Aire / Adour et bien d’autres encore, les souffrances aussi, mon dépassement de moi-même, mais quel réconfort à l’arrivée au gite. Aujourd’hui voici plus d’un mois que je suis de retour à ma vie tradionnelle, mais au fond de moi, je suis encore quelque part sur le Chemin. Une amie croisée au Pays basque en vacances en 2005 m’avait dit être revenue du Chemin transformée. Me concernant je ne crois pas m’être transformé radicalement, mais quand même, le Chemin vous apporte quelque chose en plus, que je ne sais définir avec précision. Une chose est sûr, je repars en 2007 pour terminer Mon Chemin.
    Ultreia
    Bernic 13008

  • 10 juillet 2006

    bonjour Bernic merci de votre témoignage. oui j’ai connu les mêmes accueillants que vous, oui...et vous n’avez pas fini..
    j’y ai vécu "un éternel présent", un "délicieux présent" qui n’a duré que 2 mois..je n’ai pas vraiment réalisé ce que je faisais, ni pourquoi. et c’est en revenant que je me suis aperçue que désormais, je devrais me fier à la Providence, dans la vie courante, déjà en recommençant de zéro... se fier à la providence le chemin est une chose.. facile..
    mais dans la vie courante, une autre.. beaucoup plus risqué et certes pas facile..et l’instant présent y est parfois difficile à vivre..apprendre à le savourer tel qu’il est...
    apprendre la foi.. qui serait un don ??
    transformée... je dirais chavirée !!!
    sans parler de cette obstination de chercher...

    Père Ihidoy dit aussi :

    "Ce chemin est un miroir de la société actuelle. même si la plupart est favorisée plutôt par elle, on sens un manque d’équilibre. ils recherchent quelquechose de plus que ce qui est matériel. je n’ose pas parler de religion mais de quelquechose d’invisible qui les élève et qui donne un sens à leur vie. Ce besoin diffus, à la fois physique et psychologique , se fait énormément sentir. Dès qu’on y est sensible ; les gens s’expriment, s’impliquent. Dans ce contexte nouveau, il y a une attente de valeurs. Dans ce contexte nouveau, il faut changer de regard et retrouver des valeurs, l’humain surtout.
    sur le chemin, les gens sont heureux, ah oui ! ils sont heureux de faire le point et heureux de se dépasser, même si parfois, c’est très dur. Leur regard irradie, pas à cause du soleil ou de l’effort, mais d’autre chose qui vient d’ailleurs.D’où, ah ! Mystère ! c’est peut-être la petite étoile qu’ils cherchent et qui, en même temps, est en eux."
    le chemin n’es pas fini pour moi..
    Ultreia !!! JB

  • 22 juillet 2007

    Bonjour Janine-Béatrice,
    "L’après chemin" me semble justifier la raison d’être du pélerinage. Partir, s’abandonner en confiance est un vrai exercice de foi sur le chemin de notre quotidien. Personnellement, après mon pèlerinage de Vézelay à St Jacques, j’ai fait le choix de construire une autre vie. Exit le joli salaire, la jolie voiture de fonction et le stress qui va avec. Je suis très heureuse avec moins car je me "nourris" différemment. Mes actions sont orientées vers et pour les autres.
    Il me semble que c’est après le chemin que LE chemin commence, courage à toi.
    claire

    Voir en ligne : http://cheminer.canalblog.com

  • 14 octobre 2007

    Bonjour Janine Béatrice, pardonnes-moi d’avoir mis si longtemps à te répondre. J’ai accompagné une personne proche durant sa fin de vie puis elle a commencé son grand voyage. Le temps est alors nécessaire pour se remettre en douceur.
    Pour répondre à ta question, il serait trop long de t’expliquer le "vivre autrement" sur ce forum. N’hésite pas à me contacter par email via mon blog. Tout est pourtant résumé dans ta phrase "je fais confiance" !
    pour ton information, avec un ami pèlerin, nous avons lancé un atelier d’accompagnement post chemin sur Paris. Basé sur l’écoute et l’échange, nous encourageons le pèlerin de retour à mettre des mots sur ses ressentis.
    Au plaisir de continuer cet échange - Claire

    Voir en ligne : http://apreslechemin.canalblog.com

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